Les femmes : oubliées de la composition musicale ?
La place de la compositrice dans l’histoire de la musique ressemble tout simplement à la place de la femme dans la société. La femme fait la cuisine, l’homme est chef cuisinier, la femme raccommode le linge, l’homme est couturier, à la télévision même, la femme se plaint que son linge n’est pas blanc, alors arrive le technicien qui va lui expliquer pourquoi. Ce monde change mais bien lentement.
Montaigne, dans ses Essais veut bien encore « que les femmes se mêlent de poésie, pas plus. »
Pour La Bruyère, dans ses Caractères, « pourquoi s’en prendre aux hommes si les femmes sont faibles d’esprit ? »
Au siècle des lumières, pour Jean-Jacques Rousseau « tout ce qui tend à généraliser les idées n’est point du ressort des femmes » et pour Diderot « la femme n’a aucune place au Panthéon. »
Le 19ème siècle est certainement celui qui a le plus exclu les femmes de la création, plus particulièrement musicale, d’ailleurs, la loi du 14 juillet 1886 sur les questions d’héritage relatif à la « compagne de l’homme de génie » ne précise-t-elle pas que la femme « par ses grâces, par ses vertus, rend plus facile l’œuvre de celui dont elle partage les déceptions et les triomphes ?» Sans parler de l’église, des églises.
Et malgré tout, contre vents et marées avec courage, persévérance et des qualités musicales exceptionnelles, des femmes se sont hissées au premier rang de la composition.
Les premiers professionnels de la musique n’étaient t-ils pas des femmes dans la civilisation sumérienne ? Elles avaient des contrats et composaient des prières, des hymnes et de la musique pour les cérémonies ;
En une heure et trente minutes, en écoutant des extraits de leurs œuvres, la tentative de réhabiliter la place des femmes dans la composition musicale est un pari non gagné d’avance mais qui mérite qu’on le joue.
Conférence de Jean Laurent musicien pédagogue.